NIGER

Hymne national

LA PRESSE NIGERIENNE

1. PRÉSENTATION  

Niger, officiellement république du Niger, pays enclavé d’Afrique occidentale, à 700 km de la mer. Ses frontières, héritées de la colonisation, sont rectilignes et artificielles. Il est limité au nord par l’Algérie et la Libye, à l’est par le Tchad, au sud par le Nigeria et le Bénin, et à l’ouest par le Burkina et le Mali. Sa superficie totale est de 1 267 000 km². Sa capitale est Niamey.

2. LE PAYS ET SES RESSOURCES  

2.1. Relief et hydrographie

  Le Niger peut se diviser en trois zones. Le Nord, qui constitue près des deux tiers du territoire, se situe dans le Sahara. Ici habitent les Touareg, nomades éleveurs de chameaux et de chèvres, conducteurs de caravanes (aujourd’hui de camions), particulièrement touchés par l’évolution économique et climatique de la région. C’est une région de montagnes, qui ont donné autrefois naissance à de grands fleuves, aujourd’hui fossiles ou transformés en oueds, le temps d’une pluie. La végétation y est rare, hormis dans quelques oasis et autour des points d’eau. Le massif de l’Aïr (400 km sur 250 km environ) domine la région. Il est formé de montagnes entaillées de vallées, dominées par le mont Gréboun (2 310 m), les monts Tamgak (1 800 m), les monts Agalak (1 700 m), les monts Bagzane (2 022 m). Au nord-est, séparé de l’Aïr par le Ténéré et le grand erg (désert de sable) de Bilma, le massif du Djado (mont Toummo, 1 022 m) se prolonge par l’éperon tabulaire et peu élevé du Kawar (Dirkov, 350 m). Plus au sud, isolé dans une grande pénéplaine de sable à la hauteur du 16e parallèle, le massif de Termit marque la limite entre le désert et le Sahel.

Le Centre-Sud fait partie du Sahel. C’est une zone semi-aride, à l’herbe rase parsemée d’arbustes et d’épineux. En saison des pluies, les dallols (Dallol Bosso, Dallol Maouri), larges vallées des anciens affluents sahariens du Niger, à sec le reste de l’année, se remplissent de mares et verdissent pour quelques semaines. C’est, pour les immenses troupeaux de bovins des Peul et des Touareg, l’époque de la «cure salée» qui succède aux épreuves de la longue saison sèche. Événement économique autant que social, la «cure salée» est l’occasion de rencontres entre familles et clans (mariages, transactions, etc.).

Le Sud, situé en zone de savane, est la seule région fertile, avec des pluies généralement suffisantes pour les cultures vivrières sans irrigation. Elle comprend la vallée du fleuve Niger (550 km dans la république du Niger) et sa rive droite jusqu’à la frontière du Burkina, et une bande d’une centaine de kilomètres de profondeur le long de la frontière du Nigeria. Elle s’amincit au fur et à mesure que l’on s’approche du lac Tchad, une des plus grandes étendues d’eau du continent, bordée de papyrus, à la profondeur et à la superficie sujettes à de grandes variations selon la pluviosité et l’évaporation.

2.2. Climat  

Le climat du Niger est chaud et sec. Les pluies, parfois inexistantes ou ne dépassant guère 160 mm annuels dans le Nord en un seul mois, atteignent 600 mm sur les deux ou trois mois de la saison des pluies au nord de Niamey en zone sahélienne (de juillet à septembre). À la frontière du Bénin, dans le sud, où la saison humide dure de juin à octobre, elles peuvent dépasser les 800 mm par an. À Niamey, la température moyenne annuelle est de 29,4°C.

2.3. Flore et faune  


Le désert est totalement dépourvu de végétation dans les ergs et le Ténéré, mais des spécimens résiduels de flore méditerranéenne sont présents dans l’Aïr (olivier Laperrine, cyprès). La flore sahélienne (petites graminées, acacia) assure difficilement la subsistance des bovins et des chèvres dans le Centre-Sud, en particulier durant la saison sèche. Dans les savanes méridionales, les hautes herbes alternent avec des bosquets de forêts sèches dominées çà et là par de grands arbres comme le baobab, le tamarinier, le fromager et une espèce d’acajou. L’antilope addax, la gazelle et l’autruche étaient autrefois nombreuses dans les régions arides. Il y a des girafes au sud de Niamey; dans les parcs protégés au sud de la rive droite du Niger, on trouve des buffles, diverses sortes d’antilopes, des éléphants et des lions. On peut voir des hippopotames dans le fleuve au nord de Niamey et jusqu’à la frontière du Mali. Le bœuf kanouri, doté de grosses cornes qui lui servent de flotteurs, peuple les rives et les îles du lac Tchad.

2.4. Ressources naturelles  

Le Niger recèle des ressources naturelles diverses, dont beaucoup demeurent inexploitées en raison du caractère enclavé du pays. De vastes gisements de minerai riche en uranium sont exploités dans le nord, à Arlit et à Akouta. Les phosphates sont extraits dans la vallée du Niger, ainsi que le charbon et l’étain. Le sel fait l’objet d’une exploitation traditionnelle près d’Agadez (Teggida N’tessem), à Bilma, sur les bords du lac Tchad. On trouve également du fer, du cuivre, et on a découvert des traces de pétrole à la frontière libyenne.

 

3. POPULATION ET SOCIÉTÉ

Il existe au Niger six grandes communautés. Les Haoussa (54 %) sont les plus nombreux. Ils vivent dans le Sud-Est près de la frontière nigériane, pratiquent l’agriculture vivrière et industrielle (coton et arachide) et le commerce à longue distance à travers le Sahara vers la Libye?; leur langue, le haoussa, est la langue véhiculaire parlée de Tripoli à Lagos. Les DjermaSonghaï- représentent le quart de la population et vivent dans la vallée du Niger de la culture du mil, du sorgho, de l’arachide et du coton. Dans le Sud-Ouest, les Peul vivent en symbiose avec les agriculteurs et sont semi-sédentarisés?; les Peul bororo du Sahel et de la région des dallols, peu islamisés et nomades, vivent essentiellement de leurs troupeaux. Les Béribéri-Mangas vivent également dans le sud et les Kanouris au bord du lac Tchad. Les Touareg pratiquent un nomadisme plus ou moins ample selon les régions qu’ils occupent (les montagnes de l’Aïr ou la vallée fossile de l’Azawagh). L’oasis de Bilma est habitée par les Toubou.

3.1. Démographie  

  En 1998, la population du Niger est d’environ 9,7 millions d'habitants. La densité moyenne est de 7,6 habitants au km², mais près de 90 % de la population habite le Sud agricole; 19,1 % de la population est urbaine.

3.2. Découpage administratif et villes principales  

Le Niger est divisé en huit départements, divisés à leur tour en districts et communes. Niamey, la ville la plus grande avec une population de 400 000 habitants au début des années quatre-vingt-dix, est également la capitale. Si Niamey est le grand centre administratif et regroupe la plupart des services, Zinder est le grand pôle économique de l’est du pays, ouvert sur le Nigeria, et dépasse les 130 000 habitants. Maradi, dans le sud, dépasse 150 000 habitants et Tahoua, au centre, plus de 55 000 habitants?; Agadez, dans l’Aïr, est très étalée et tourne entre 10 000 et 20 000 habitants. La population de toutes ces villes a tendance à augmenter dans les périodes de sécheresse, les paysans et les nomades affluant alors dans leurs périphéries.

3.3. Langue et religion

La langue officielle est le français, mais le haoussa est la langue véhiculaire pratiquée par les commerçants et comprise par la plupart des Nigériens. D’autres langues africaines comme le peul, le tamachek (langue des Touareg) et le djerma sont aussi très répandues et comprises par les voisins des locuteurs.

Les quatre cinquièmes des Nigériens sont des musulmans sunnites, parfois regroupés en confréries. Selon leur communauté, ils sont influencés par les croyances traditionnelles (rites agraires, etc.)?; la région de Zinder, proche des émirats musulmans du nord du Nigeria, est plus soumise au fondamentalisme religieux et à son influence dans le domaine politique. Il existe une petite minorité de chrétiens, constituée notamment d’émigrés des pays de la Côte (Bénin, Togo).

3.4. Éducation  

Au Niger, l’école est gratuite et obligatoire entre sept et quinze ans. En raison du manque d’instituteurs et de la grande dispersion de la population, et du nomadisme, seuls 40 % des enfants en âge scolaire bénéficient de l’enseignement. Des expériences d’enseignement par la télévision ont été tentées avec succès autour de Niamey. À la fin des années quatre-vingt, 344 900 écoliers fréquentaient l’école primaire, et 63 380 étudiants environ étaient inscrits dans le secondaire. Les établissements techniques et de formation de maîtres accueillaient 2 400 étudiants. L’enseignement supérieur est dispensé à l’université de Niamey (fondée en 1971).

3.5. Culture

  L’influence de l’islam, en provenance d’Afrique du Nord, pour l’ouest du pays, et de la Libye et du Nigeria pour l’est (région de Zinder), se fait fortement sentir?; elle est liée au développement de l’ancien réseau transsaharien. Plusieurs organismes privés gèrent leur propre bibliothèque. Sur une grande superficie, en plein centre de Niamey, le Musée national du Niger regroupe une bibliothèque, un musée, un zoo, un Institut des sciences humaines et un centre artisanal traditionnel.

3.6. Institutions et vie politique

 Jusqu’au coup d’État militaire du 15 avril 1974 , le Niger a été gouverné selon la Constitution de 1960. Par la suite, le pouvoir a été détenu par un Conseil militaire supérieur, dirigé par un président. Une nouvelle Constitution, approuvée par référendum en septembre 1989, rend officiellement le pays aux civils. En 1991, cette Constitution est suspendue, et un gouvernement de transition met au point une nouvelle Constitution qui est approuvée par référendum en décembre 1992. Elle instaure une démocratie pluraliste, avec un président élu au suffrage direct avec un mandat de cinq ans renouvelable une fois. L’Assemblée nationale compte quatre-vingt-trois membres élus au suffrage direct pour cinq ans. À l’issue du coup d’État de 1996, une nouvelle Constitution adoptée par référendum par 90 % des votants (avec 35 % de participants au scrutin) consacre l’adoption d’un pouvoir fort. Cette Constitution est suspendue en avril 1999, après l’assassinat du président Baré Maïnassara, jusqu’à la tenue d’un référendum (juin 1999). Par ailleurs, le chef de l’État par intérim, le commandant Daouda Mallam Wanké a dissous les principales institutions républicaines.

La Constitution de 1989 prévoyait un président élu pour sept ans et une Assemblée nationale directement élue elle aussi. Le Mouvement national pour une société de développement (MNSD) était le seul parti politique légal. Une Conférence nationale et constitutionnelle, réunie en 1991, a privé le président de ses pouvoirs et a établi un corps législatif de transition, le Haut Conseil de la République. Aux termes de cette Constitution de 1992, le président choisit le Premier ministre dans le parti majoritaire au Parlement. Le Premier ministre et le conseil des ministres détiennent le pouvoir exécutif.

Des tribunaux de districts et des juges de paix sont répartis dans tout le Niger; il existe trois cours d’assises (Niamey, Zinder, Maradi). La cour d’Appel siège à Niamey.

L’armée du Niger comptait environ 5 200 hommes au début des années quatre-vingt-dix. Les forces paramilitaires comptaient 5 400 hommes. Le Niger a signé des accords de défense bilatéraux avec la France.

4. ÉCONOMIE  

  En 1997, le produit intérieur brut était de 1,9 milliard de dollars, soit 190 dollars par habitant (estimation de la Banque mondiale). La grande majorité des Nigériens vivent d’agriculture et d’élevage. L’agriculture vivrière porte surtout sur le mil (estimation, 1 800 000 t), le sorgho, le maïs, la patate douce. L’élevage se pratique dans les parties arides et semi-arides. L’agriculture vivrière et industrielle, dite «de rente» (arachide, coton) est spécifique de la région méridionale, plus arrosée. Cette zone s’est bien remise des effets désastreux de la sécheresse qui a frappé le Sahel dans les années soixante-dix et qui a touché plus particulièrement les éleveurs (une sécheresse moins rigoureuse a également sévi durant les années quatre-vingt). Les entreprises industrielles sont pour la plupart très petites et sont implantées à Niamey et à Zinder.

4.1. Agriculture  

  L’élevage constitue la grande activité agricole. En 1998, le cheptel comptait 2,1 millions de bovins, 4,1 millions de moutons, 6,1 millions de chèvres, 392 000 chameaux et 82 000 chevaux (le chiffre concernant les bovins, les chèvres et les moutons peut varier considérablement d’une année à l’autre car le nombre pléthorique de bêtes entretenu par les éleveurs du Sahel est surtout destiné à compenser les pertes éventuelles en cas de sécheresse). Les arachides sont la principale culture d’exportation. Le mil, le sorgho, le manioc, les haricots et le riz, dans les zones de décrue du fleuve, sont destinés à la consommation locale. Sur les quelque 2,7 millions d’hectares de terre arable, 40 000 sont irrigués. La production annuelle au début des années quatre-vingt-dixatteignait 1,8?million de t de mil, 62 200 t de manioc, 27 400 t d’arachides, 468 000 t de sorgho, 942 000 t de maïs et 31 400 t de canne à sucre.

La pêche se pratique dans le lac Tchad et dans le Niger pour la consommation locale. À la fin des années quatre-vingt, elle représentait 2 400 t de poisson. Il existe une pêche traditionnelle dans les mares au cours de la saison sèche.

4.2. Mines et industrie

 Le sel, pour l’alimentation humaine, et le natron, pour l’alimentation animale, sont extraits depuis des siècles des dépressions saumâtres du désert et moulés sous forme de pains ou cônes (Teggida N’tessem, Bilma, Manga); dans le sud, en cas de nécessité, on extrait parfois par filtration le sel des terres salées. Cette région recèle aussi du minerai d’étain. De vastes gisements d’uranium sont exploités dans le nord, à Arlit et à Akouta. Les réserves sont estimées à plus de 100 000 t, et au début des années quatre-vingt-dix, 3 000 t de minerai d’uranium concentré étaient produites chaque année et exportées par le chemin de fer de Parakou au Bénin, mais les exportations ont diminué depuis. La production de charbon dans des mines à ciel ouvert atteignait 60 000 t à la fin des années quatre-vingt. On trouve de l’étain dans l’Aïr et du fer près de Say, au sud de Niamey. L’industrie ne touche que les produits alimentaires et la construction. Le secteur artisanal est très développé dans le traitement des cuirs.

4.3. Échanges

4.3.1.Banques et monnaie

 Le Niger appartient à la Zone franc et son unité monétaire est le franc CFA (100 francs CFA=1 franc français en 1995). Il est émis par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), basée à Dakar, au Sénégal. En janvier 1994, le franc CFA a été dévalué de 50 % par rapport à son taux de change avec le franc français. Plusieurs banques pour le commerce et le développement sont installées dans le pays.

4.3.2.Commerce extérieur

 En 1996, le Niger exportait pour environ 188 millions de dollars de marchandises par an, dont l’uranium représentait la plus grosse partie. Les importations totalisaient à peu près 244 millions de dollars. Plus de 65 % de l’ensemble des exportations étaient destinés à la France. Les autres grands partenaires commerciaux du Niger sont le Nigeria, le Japon, les États-Unis et la Côte d’Ivoire. Il existe un important commerce régional en direction des pays forestiers, portant essentiellement sur le bétail. Selon les cours pratiqués dans les pays frontaliers, la fraude sur le bétail, l’arachide et le coton est plus ou moins importante, notamment vers le Nigeria.

4.3.3.Transports et communications

 Le Niger possède quelque 39 970 km de routes, dont environ un tiers sont bitumées. Des aéroports internationaux desservent Niamey, Zinder, Maradi et, dans une moindre mesure, Agadez. Les transporteurs fluviaux traditionnels assurent les échanges entre le delta intérieur du Niger et la capitale dans leurs grands bateaux à fond plat. Contrôlés par le gouvernement, les services de radio et de télévision diffusent des émissions en langues locales vers un demi-million de récepteurs radio et 25 000 téléviseurs (estimations 1991). Le quotidien du Niger est le Sahel (diffusion 3 000 exemplaires), publié à Niamey, où une dizaine d’hebdomadaires animent la vie politique.

5. HISTOIRE

  De nombreux fossiles de dinosaures (iguanodons) du Crétacé inférieur ont été trouvés à Tazolé, au sud-est de l’Aïr. On a mis au jour dans le massif de l’Aïr des vestiges de céramiques du VIIIe millénaire avant notre ère, contemporains de l’invention de la poterie dans d’autres régions du monde. La désertification du Sahara commencée à cette époque a repoussé ensuite vers le sud les populations d’agriculteurs et les céramistes, laissant la place à des communautés d’éleveurs de bovins qui gravèrent sur les rochers de nombreuses représentations de leurs troupeaux (entre 2000 et 3000 av. J.-C.). Des gravures de cette époque témoignent également de la présence à cette latitude d’éléphants, d’hippopotames et d’une faune de savane abondante et variée. Le désert du Ténéré est riche en témoignages de la présence humaine au Néolithique par un abondant matériel de pierre (pointes de flèches, meules, etc.), jusqu’à la désertification de la région au Ier millénaire avant notre ère.

5.1. Le Niger : lieu d’échanges  

  Les territoires constituant le Niger actuel entrent ensuite dans l’histoire avec l’établissement de relations transsahariennes au Moyen Âge, vers le Maroc, par la vallée du Niger et Tombouctou (empires du Mali et du Songhaï), vers la Tunisie (Ifriqiya) à travers le Sahara central, et vers la Libye et l’Égypte par le Fezzan et le Tchad (empire de Kanem-Bornou et États haoussa). Cette diversité explique la permanence des deux grands pôles de développement culturel et économique du pays : la vallée du Niger (Niamey), et le bassin du Tchad (Zinder).

Le commerce régional porte sur l’échange de sel et de mil entre le Sahara central riche en gisements de sel et la savane, productrice de mil, ainsi que sur la noix de cola produite dans les zones forestières. Ses voies de communication sont très tôt pénétrées par les missionnaires musulmans, puis contrôlées par les nomades islamisés (Touareg, Toubou). Les États haoussa islamisés dominent le Niger méridional du Xe siècle au début du XIXe siècle, époque à laquelle ils sont soumis par la guerre sainte des Peul menés par Ousman dan Fodio. Les Songhaï exercent une forte influence sur la vallée du fleuve durant la dernière partie du Moyen Âge, tandis que l’empire de Kanem-Bornou domine la frontière orientale. Les Touareg arrivent par vagues de l’Aïr à partir du XIe siècle environ, se répandent dans l’Azawagh et commencent à lancer des raids sur les sédentaires du Sud?; au XVe siècle, ils établissent un sultanat à Agadez.

5.2. La colonisation

  Les premiers Européens à entrer dans cette région sont le chirurgien et explorateur écossais Mungo Park, durant son second voyage, et les explorateurs allemands Heinrich Barth, en route pour Tombouctou, et Eduard Vogel. Les Français entrent dans la région vers 1890, atteignent le lac Tchad et luttent contre Rabah dont l’influence s’étend sur le Bornou?; ils mettent longtemps à réduire la résistance des Touareg de l’Aïr. En 1900, ils font du Niger un territoire militaire administré à partir de l’ancien sultanat de Zinder. Le Niger devient une colonie en 1921, administrée à partir de Niamey pour rééquilibrer les pouvoirs économiques et politiques locaux des émirs de l'Est, diminuer le poids de la communauté haoussa de Zinder ainsi que l’influence du nord du Nigeria, une région riche et peuplée. Territoire d’outre-mer en 1946, puis république autonome au sein de la Communauté française en 1958, malgré une campagne pour le «non» au référendum de Djibo Bakary, opposé au chef du gouvernement Hamani Diori.

5.3. Le Niger indépendant

 Le Niger accède à l’indépendance le 3 août 1960 et Hamani Diori est élu président par l’Assemblée nationale. L’opposition avec Bakary devient de plus en plus forte; en avril 1965, le président échappe à une tentative d’assassinat; il est réélu la même année, soutenu par le Parti progressiste nigérien (PPN) qu’il avait fondé à partir de la section nigérienne du Rassemblement démocratique africain (RDA). En 1973, le Niger est l’un des six pays sahéliens à souffrir d’une sécheresse qui affecte particulièrement les nomades. Accusé de corruption et d’incapacité, le président Diori est renversé par un coup d’État militaire en avril 1974 et exilé dans l’est du pays. Le Niger est ensuite gouverné par un Conseil supérieur militaire, dirigé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. Son programme porte sur le redressement économique consécutif à la sécheresse et la poursuite de la coopération avec la France, notamment en matière d’exploitation de l’uranium (signature d’un nouvel accord économique en 1977).

Complots et tentatives de coup d’État se succèdent durant les cinq premières années de pouvoir de Seyni Kountché. En novembre 1987, celui-ci meurt d’une tumeur au cerveau et est remplacé à la présidence par Ali Seybou, son chef d’état-major. Il libère Hamani Diori et est élu président en 1989 après le vote d’une nouvelle Constitution qui ramène les civils au pouvoir, mais dans le cadre d’un parti unique. En 1990, une vague de grèves et de manifestations le conduisent à légaliser les partis d’opposition. Une conférence nationale, réunie en juillet 1991, met en place un gouvernement de transition dirigé par André Salifou. En 1992, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum, et des élections générales, en février 1993, voient la victoire de l’Alliance des forces du changement (AFC). Lors de l’élection présidentielle du mois suivant, Mahamane Ousmane, chef d’un parti membre de l’AFC, est élu président. Les vingt et un premiers mois du nouveau gouvernement sont animés. Le Premier ministre, issu de l’AFC et imposé par le président malgré l’opposition de la majorité, est renversé en février 1995. L’Assemblée est dissoute par le président mais les nouvelles élections confirment la victoire de l’opposition. Le Mouvement national pour une société de développement (MNSD, ex-parti unique) arrive en tête avec vingt-neuf sièges, et s’allie avec plusieurs partis d’opposition pour former un gouvernement. Le nouveau Premier ministre, Hama Amadou, entre rapidement en conflit avec le président alors que le pays se trouve au seuil de la banqueroute.

Au printemps 1996, l’armée reprend de nouveau le pouvoir; l’auteur du putsch, le colonel Ibrahim Baré Maïnassara, organise le vote d’une nouvelle Constitution de type présidentiel, adoptée par 90 % des votants . Depuis la fin des années quatre-vingt, les Touareg réclament un meilleur partage des richesses, et une guérilla sporadique ensanglante l’Aïr, malgré des accords de paix toujours remis en question. En 1997-1998, la crise économique causée par la chute des cours de l’uranium a entraîné un profond malaise politique (dissolution du gouvernement), des grèves de fonctionnaires et d’étudiants, et des mutineries dans l’armée réclamant le paiement des soldes. En avril 1999, le président Maïnassara est assassiné par des militaires sur l'aérodrome de Niamey. Son successeur, le commandant Daouda Mallam Wanké, chef de la Garde présidentielle, qui a qualifié cette mort de «malencontreux accident», est nommé chef de l'État par un Conseil de réconciliation nationale composé uniquement de militaires. L'armée, qui a promis de rendre le pouvoir aux civils, interdit les partis politiques et confirme la tenue d'un référendum constitutionnel en juin et une élection présidentielle au suffrage universel à la fin de l'année.