
Hymne national
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1. PRÉSENTATION
Gabon,
officiellement République gabonaise, pays dAfrique équatoriale, ouvert sur
locéan Atlantique, limité au nord-ouest par la Guinée équatoriale, au nord par
le Cameroun, à lest et au sud par la république du Congo. La forêt dense couvre
plus des trois quarts de la superficie du pays (267 667 km²). Sa capitale est
Libreville.
2.
MILIEU NATUREL
2.1.
Relief et hydrographie
Le
Gabon sétend sur deux zones géographiques distinctes : le tiers occidental du
pays est une région de basses terres bordant 890 km de côtes?; les deux tiers restants
occupent le bassin sédimentaire de lOgooué. Le fleuve, né au Congo, coule
parallèlement à léquateur, pour se jeter dans lAtlantique à Port-Gentil.
Il sépare les monts de Cristal, sélevant au nord-ouest à 900 m
daltitude, des monts Du Chaillu, culminant au sud à 972 m (mont Iboundji). Les
monts de Cristal se prolongent par les crêtes du Mayombe. Le nord-est du territoire se
caractérise par des plaines et des collines. LOgooué, navigable jusquà
NDjolé, à lentrée de la plaine, reçoit de nombreux cours deau qui
prennent leur source dans les massifs gabonais.
2.2.
Climat
Le Gabon est
soumis à un climat équatorial, chaud et humide. La température (26?°C) ne varie que
légèrement au long de lannée. Deux saisons sèches, de mai à septembre puis de
décembre à janvier, alternent avec des saisons humides. À Libreville, la capitale, les
précipitations moyennes annuelles sont de 2 515 mm.
2.3.
Ressources et contraintes du
milieu naturel
Une dense forêt équatoriale couvre 69,3% du territoire gabonais, avec de
larges espaces de forêt primaire préservée. La savane domine le sud de la zone
côtière, une partie des vallées de la Nyanga, du haut-Ngounié et du haut-Ogooué.
La forêt est à la fois source de contraintes, car elle représente un
massif impénétrable qui rend les communications difficiles, et de grande richesse,
grâce à son exploitation (elle est source du plus grand nombre demplois dans le
pays). Ainsi, les bois débène, dacajou et dokoumé, issus de la forêt
humide, constituent lune des principales ressources naturelles du Gabon. Le pays
sest engagé à faire des efforts pour sauvegarder cette forêt dense.
Les richesses minières gabonaises sont très importantes?; la première
richesse du pays est le pétrole. Le sous-sol recèle également de luranium, du
manganèse, du fer, du plomb et de largent. Léconomie gabonaise a été
atteinte en 1998 par la baisse du prix du pétrole et par la crise asiatique qui a poussé
les pays dAsie à baisser le prix du bois.
3.
POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1.
Démographie
En 1998, la population était de 1,21 million million
dhabitants, dont 122 000 Gabonais résidant à létranger, une
évaluation semblable pour 1997. Le Gabon est, quoi quil en soit, un pays
sous-peuplé, avec une densité de 4,5 habitants au km2 selon lhypothèse
la plus haute. Il abrite de nombreux travailleurs originaires des pays voisins. Les trois
cinquièmes des habitants vivent dans la zone côtière, lintérieur du pays étant
quasi désert.
Sa faible population explique que le Gabon, jouissant dune rente
minière, ait un revenu par habitant parmi les plus élevés de lAfrique noire.
Cependant, le système de soins et les conditions de vie demeurent ceux dun pays en
développement, si lon se réfère au taux de mortalité infantile
(85 p. 1 000 en moyenne en 1998) et à lespérance de vie
(56,5 ans).
Bien que peu peuplé, le Gabon compte près dune quarantaine de
groupes ethniques, parmi lesquels les Adoumas, les Bakotas, les Batékés, les Bakwélés
et les Mpongwés. Les Fang, habitant le Nord, représentent un tiers de la population. Le
Gabon a attiré une importante main-duvre en provenance dautres pays
africains tels que la Guinée équatoriale, le Nigeria, le Congo, le Cameroun, la Côte
dIvoire, le Mali, le Sénégal, le Bénin et le Burkina. Les cadres des entreprises
pétrolières ou minières sont européens, notamment français (20 000). Les
Pygmées, sans doute les premiers habitants du pays, ne sont plus que quelques milliers.
3.2.
Découpage administratif et
villes principales
Le
Gabon est divisé en neuf provinces. En 1994, près de la moitié des habitants était
citadine. La capitale, Libreville, est la plus grande ville, avec une population estimée
à 370 000 habitants en 1993. Viennent ensuite Port-Gentil
(125 000 habitants), centre des industries de transformation du bois et de
raffinage de pétrole, et Masuku, ancienne Franceville (75 000 habitants).
Lambaréné (30 000 habitants) se situe dans la zone des plantations de palmiers
à huile et abrite lhôpital fondé par le médecin missionnaire français Albert
Schweitzer.
3.3.
Institutions et vie
politique
À partir de 1968, soit un an après larrivée au pouvoir du
président Omar Bongo, le seul parti autorisé fut le Parti démocratique gabonais (PDG).
En 1990, une conférence nationale fut convoquée et le pouvoir autorisa le multipartisme.
Lancien parti unique fut réorganisé et prit la dénomination de Rassemblement
démocrate social gabonais (RDSG). Les premières élections législatives pluralistes se
déroulèrent la même année. Le RDSG obtint la majorité absolue à lAssemblée
nationale (63 sièges sur 120), les partis de lopposition se partageant les
sièges restants. En 1991, lAssemblée nationale adopta une nouvelle Constitution
instituant un régime semi-présidentiel, garantissant les libertés individuelles et
publiques, et interdisant les partis affichant une identité ethnique. La victoire
dOmar Bongo, à lissue du scrutin présidentiel, en décembre 1993, fut
contestée par lopposition.
En octobre 1994 fut signé à Paris un accord entre partisans du
président Bongo et représentants des partis dopposition, qui prévoyait la
formation dun gouvernement dunion nationale, linstauration dun
État de droit et la tenue délections législatives en décembre 1996, ainsi que
dune élection présidentielle en 1998. Cet accord fut massivement approuvé
(96,48 % des suffrages exprimés) lors dun référendum en juillet 1995. Les
accords de Paris devaient également être ratifiés par lAssemblée nationale et
prévoyaient une réforme de la Constitution et du code électoral.
3.4.
Langues et religions
La langue officielle est le français, mais les différentes communautés
parlent également leurs langues et leurs dialectes propres, pour la plupart des langues
bantoues (batéké, fang, etc.).
Près de 95 % des Gabonais sont chrétiens, 4 % sont animistes
et 1 % musulmans. La pratique de lislam et du christianisme demeure cependant
fortement marquée par les religions traditionnelles.
3.5.
Éducation
Lécole
est obligatoire au Gabon pour les enfants de six à seize ans. En 1995,
250 693 élèves fréquentaient lécole primaire et 80 552 étaient
inscrits dans des établissements secondaires. Sur lensemble des élèves, seuls
7,9 % allaient à luniversité en 1996. Le pays est doté décoles
techniques et dinstituts de formation de maîtres, ainsi que dune université,
luniversité Omar-Bongo créée en 1970. En 1995, le taux dalphabétisation
sélevait à 63,3.
4.
ÉCONOMIE
4.1.
Généralités
En 1994, le produit intérieur brut (PIB) du Gabon était de
3,6 milliards de dollars, soit le 75e rang mondial. Le Gabon apparaît ainsi comme un pays riche
sans que, pour autant, son économie soit celle dun pays développé. En effet,
celle-ci demeure étroitement dépendante de lexploitation des ressources minières
et forestières?; elle est donc très exposée aux fluctuations de la conjoncture
internationale. Après la hausse des cours du pétrole dans les années soixante-dix, le
pays a subi de plein fouet la chute du prix du baril, à partir de 1986.
En outre, le Gabon a dû supporter les conséquences de la dévaluation du
franc CFA. Cependant, son PIB est croissant, bénéficiant dune maîtrise de
linflation et dun plan de réformes élaboré avec le FMI.
4.2.
Agriculture, forêts, pêche
En 1994, le secteur agricole occupait encore 48 % de la
population active, mais ne contribuait que pour 8 % au PIB. Il sagit
essentiellement dune agriculture de subsistance, dont le principal produit est le
manioc. De petits volumes de cacao, de café (300 t), dhuile de palme et
darachide sont cultivés pour lexportation. En raison des conditions
climatiques, des maladies tropicales endémiques et des parasitoses, lélevage est
peu développé (500 têtes de bovins). En 1992, les prises de poissons
sélevaient à 5 000 t.
La principale activité du secteur primaire est en fait celle du bois. Le
Gabon est le premier producteur mondial dokoumé, un bois tendre utilisé pour le
contreplaqué. En 1993, les coupes de bois sélevaient à 4,44 millions de m3, lokoumé représentant
93 % des ventes totales.
4.3.
Mines et industries
En 1994, 10 % de la population active travaillaient dans le secteur
minier, qui réalisait, avec lindustrie, 45 % du PIB. Lexploitation
minière sest développée rapidement depuis lindépendance. En 1995, la
production de pétrole, extrait des gisements côtiers et offshore de Mandji et
Rabi-Kounga, sélevait à 17,63 millions de t. Les raffineries sont situées à
Port-Gentil et Pointe-Clairette. Lexploitation des gisements pétroliers gabonais
est en grande partie concédée à une société française (ELF).
Le Gabon est le troisième producteur mondial de manganèse et ses
exportations sont en hausse. Le minerai extrait à Moanda dans le sud est
particulièrement riche. Sa production atteignait 720 000 t en 1995. Les
réserves de minerai de fer, à Mekambo et Bélinga dans le nord-est, représentent plus
de 500 millions de t. Leur exploitation a été rendue difficile par labsence
de moyens de transports, notamment de voies ferrées. Les réserves de phosphate sont
également abondantes : elles représenteraient un tiers de la production annuelle
mondiale. Le Gabon produit également de luranium.
Le secteur industriel demeure peu développé. Il concerne surtout le
raffinage du pétrole, la transformation du bois et lagroalimentaire. Un programme
de privatisation des entreprises publiques a été engagé en 1995, afin de résorber le
déficit public.
Environ 935 millions de kWh étaient générés annuellement dans les
centrales électriques en 1997, 77 % provenant dinstallations
hydroélectriques, notamment celle de Kinguélé, près de Libreville.
4.4.
Secteur tertiaire
Les services sont peu développés et nemploient que 31 % de la
population active.
Dans le domaine des transports, la couverture forestière et le climat
font obstacle au développement des infrastructures. Le Gabon possède 7 670 km de
routes, dont 10 % sont goudronnées. Une autoroute de 869 km traverse le pays du
nord au sud, le reliant à Loubomo au Congo et à Douala au Cameroun. Avant les années
soixante-dix, une unique voie ferrée permettait la connexion avec MBinda au Congo
et la ligne Pointe-Noire-Brazzaville. En 1974 débuta la construction des 697 km du
Transgabonais. Une section entre Owendo et Booué fut terminée en 1982, et son extension
vers Masuku (Franceville), dans le sud-est, fut inaugurée en 1986. Il est également
prévu une ligne desservant les gisements de minerai de fer du nord-est. Owendo et
Port-Gentil sont les ports principaux. LOgooué et ses affluents, Ivindo et Ngounie,
constituent des voies navigables.
4.5.
Commerce extérieur
La monnaie du Gabon est le franc CFA, qui fut dévalué de moitié en
janvier 1994.
Le commerce extérieur est habituellement bénéficiaire. Les principaux
partenaires commerciaux sont la France, les États-Unis, lItalie, lEspagne, la
Grande-Bretagne, lAllemagne, le Japon et les Pays-Bas.
5.
HISTOIRE
Lhistoire
ancienne du pays demeure mal connue et lon sait très peu de choses sur ses premiers
habitants, les traditions orales se référant à une période beaucoup plus récente. La
découverte de vestiges datant du Paléolithique et du Néolithique a révélé cependant
une occupation très ancienne du territoire de lactuel Gabon, alors quil
était couramment admis, jusque dans les années soixante, que les forêts navaient
pas été pénétrées. Les Pygmées sont les premiers habitants connus de la forêt
gabonaise. Vers le XIIIe siècle,
les peuples de louest (Myénés, Mpongwés, Orungous et Galoas), étaient établis
dans le pays. Ceux du sud-ouest, dont les Pounous, vinrent du Congo, ceux du sud-est
(Nzabis, Tégués) sont liés aux Batékés de Brazzaville. Linstallation des Fang,
dans le nord, a commencé progressivement à partir de la fin du XVIIIe siècle.
5.1.
De la traite des Noirs à la
colonisation française
En 1472, les Portugais parvinrent jusquà lestuaire du Gabon
et longèrent ensuite la côte atlantique. Les Portugais, puis les Français, les
Hollandais et les Anglais développèrent, durant les siècles suivants, la traite
négrière, à destination des pays du Nouveau Monde (voir Commerce triangulaire).
Les Français furent les premiers à sétablir dans le pays de manière
permanente : en 1839, ils signèrent un traité avec le souverain mpongwé et, cinq
ans plus tard, ils créèrent un poste militaire dans lestuaire du Gabon. Dès lors,
les missions catholiques françaises se multiplièrent dans le pays. En 1849, Libreville
fut fondée pour des esclaves libérés des cales dun navire négrier.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, les Français
étendirent leur influence jusquà lintérieur du pays, signant des accords
avec les peuples du sud-est. Entre 1875 et 1885, Pierre Savorgnan de Brazza explora
lOgooué et atteignit le fleuve Congo.
Après que la frontière entre le Cameroun allemand et le Gabon français
eut été fixée au congrès de Berlin, le Gabon devint, en 1886, un territoire de
lEmpire colonial français. Les sociétés commerciales de la métropole reçurent
de vastes concessions et sengagèrent dans lexploitation de lokoumé. La
mise en valeur du territoire demeura toujours très limitée.
À partir de 1899, le Gabon fut rattaché au Congo français, Libreville
demeurant la capitale du territoire ainsi étendu. En 1904, elle perdit cependant ce
statut au profit de Brazzaville. En 1910, le Gabon devenait une colonie de
lAfrique-Équatoriale française (AÉF).
On eut ensuite recours au travail forcé, notamment pour la construction
du chemin de fer Congo-Océan. Les conditions de vie et de travail étaient telles sur le
chantier, où 20 000 à 30 000 hommes trouvèrent la mort, quelles
suscitèrent les premières révoltes massives contre ladministration française.
Lune des voix qui sélevèrent pour dénoncer les abus fut celle de Léon
MBa, un Fang nommé chef du canton en 1922. Il fut exilé en Oubangui-Chari
(actuelle République centrafricaine) en 1933.
Acquis à la France libre après 1941, à lissue
daffrontements meurtriers entre colons vichystes et gaullistes, le Gabon devint, en
1946, territoire français doutre-mer, et récupéra la région du haut-Ogooué.
Cette région, où se situent les plus riches gisements miniers du Gabon, avait été
transférée au Congo en 1925. En 1958, le Gabon vota pour son intégration au sein de la
Communauté française. Léon MBa devint le Premier ministre de la République
autonome du Gabon. Il fut confronté aux critiques de la plupart des partis
dopposition, qui lui reprochaient davoir ainsi renoncé à
lindépendance. Celle-ci fut proclamée deux ans plus tard, le 17 août 1960.
5.2.
Le Gabon indépendant
Léon MBa, élu président du nouvel État en 1961, fut
renversé par un coup dÉtat militaire trois ans plus tard. Les troupes françaises,
conformément à un accord de défense signé entre les deux pays, intervinrent pour le
rétablir au pouvoir. Réélu président en 1967, MBa mourut la même année. Son
vice-président, Albert Bernard Bongo, lui succéda. Il institua, en 1968, un régime de
parti unique, le Parti démocratique gabonais (PDG).
En 1973, Bongo, réélu président sans opposition, se convertit à
lislam et prit le prénom dOmar. Cette conversion marqua une réorientation
relative de la politique étrangère du pays. En 1974, le Gabon devint membre de
lOrganisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) doù le
Gabon sest retiré en 1995 , puis, en 1979, intégra la Conférence
islamique. Dans la même période, lÉtat gabonais prenait des participations dans
de nombreuses firmes étrangères et des Gabonais occupèrent des postes de direction
autrefois dévolus aux étrangers. Toutefois, les relations avec la France ne furent
jamais rompues, lancienne puissance coloniale conservant des intérêts économiques
au Gabon, auquel la liaient également des accords de défense.
Les
premières années de la décennie 1980 virent la création dun mouvement clandestin
fédérant lopposition au régime dOmar Bongo, lequel était également
critiqué en France. Mais ce fut la chute des cours du pétrole, entraînant des
difficultés économiques, et nécessitant ladoption dun plan
dajustement structurel sous légide du Fonds monétaire international (FMI),
qui précipitèrent la démocratisation de la vie politique.
De 1987 à 1989, manifestations et émeutes se multiplièrent dans les
villes. En 1990, lautorisation du multipartisme se concrétisa par la tenue
délections législatives, dont les résultats furent contestés par
lopposition. De violentes émeutes éclatèrent, notamment à Port-Gentil, qui
provoquèrent lintervention militaire de la France. LAssemblée nationale
promulgua une nouvelle Constitution en mars 1991, dans un contexte de grèves et de
troubles sociaux. Lélection présidentielle de décembre 1993 ne contribua pas à
apaiser lopposition démocratique, qui accusa la présidence de fraude. Le père
Paul MBa Abessolé, candidat populiste arrivé en deuxième position derrière Omar
Bongo, constitua un gouvernement parallèle qui reçut le soutien de toute
lopposition.
De nouvelles émeutes, à Libreville et à Port-Gentil, en 1994,
contribuèrent à louverture de négociations entre le pouvoir et lopposition.
Les accords, difficilement négociés à Paris et conclus à Libreville en octobre 1994,
prévoyant la formation dun gouvernement dunion nationale et la tenue de
nouvelles élections législatives en 1996, furent approuvés par référendum en juillet
1995. Le code électoral gabonais devait être profondément révisé avant
lorganisation du scrutin. Malgré une conjoncture difficile (diminution du prix du
pétrole et effondrement de celui du bois en raison de la crise asiatique), le président
Bongo fut réélu en décembre 1998 avec un pourcentage confortable de 66 % des
suffrages exprimés. Lopposition, regroupée autour de Paul Mba Abessole, le maire
de Libreville, en un Rassemblement national des bûcherons (RNB), mais ne présentant
quune unité de façade, a mis en question la régularité du scrutin. |